Rachel Hardouin et Valérie Dufour, Galerie La Lison, sont heureuses de vous inviter à la présentation de l’exposition qu’elles consacrent à

Irina IONESCO
1970 – 1980

photographies et tirages d’époque sélectionnés par la photographe
dans le cadre de sa rétrospective à la galerie REFLEX à Amsterdam en 2016,
exposition itinérante sur deux adresses à Paris 10e, cette collection d’œuvres originales n’a jamais été présentée au public en France.

exposition du 25 mars au 6 mai 2025
vernissage performance de Karelle à 19H30
samedi 29 mars 19H présentation du documentaire « Nocturnes, Porte Dorée » de Delphine Camolli suivie d’un échange avec la réalisatrice
vendredi 4 avril « Les chiffres d’Irina Ionesco » par Anne-Marie Checcozzo, numérologue

Irina IONESCO

IRINA L’INCANDESCENTE
par Rachel Hardouin, commissaire de l’exposition

Effeuiller l’œuvre d’Irina Ionesco, sur la période 1970 – 1980, c’est se faufiler dans un univers théâtralisé d’une grande créativité et d’une remarquable richesse narrative. Cet ensemble produit à l’aide d’un appareil argentique, et de films noir et blanc, soulève et souligne plusieurs strates de la vie de l’artiste et de son imaginaire ancré dans la féminité absolue. Un regard féminin sur les femmes, une vie rêvée qui semble sans cesse réinventée.

L’œuvre d’Irina Ionesco que nous avons choisie de présenter s’inscrit dans la période charnière des années 70’s où le monde bascule dans un refus de l’impérialisme du rêve américain, de nouvelles valeur suite au choc de 68, une quête de liberté de la pensée et des corps. Les artistes s’engagent contre les violences et les guerres, les françaises prennent la parole, descendent dans la rue pour défendre leurs droits, les minorités s’expriment pour gagner en visibilité et partager davantage de droits citoyens. Un autre monde se met en place, lequel ?

Le monde d’Irina se situe entre le 16, boulevard Soult (Paris 12e) où habite sa grand-mère, la Porte Dorée où son complice Corneille, peintre du mouvement Cobra dispose d’un atelier d’artiste de la ville de Paris, et le cimetière de Saint- Mandé où Irina aime errer et y glaner des matières pour ses futures mises en scène.

Le monde d’Irina Ionesco se situe entre la réalité d’une enfance complexe et le miroir d’une vie rêvée. Irina Ionesco est née à Paris en 1930. Les parents décideront de la confier à l’âge de quatre ans à sa grand-mère, en Roumanie. Pour s’exprimer, Irina devient danseuse, plus précisément charmeuse de serpents, dans un contexte forain itinérant à travers l’Europe, à la veille et durant la seconde guerre mondiale.

Loin, très loin de la banalisation actuelle du sensuel et du charnel, Irina pose un regard de femme sur les femmes. Une féminité puissante et assumée.
Une mise à nue.
Sa révolution féministe à la lueur d’une bougie, d’une fenêtre ouverte sur la Porte Dorée, une révolution empreinte de mélancolie et de liberté. Irina Ionesco posera ainsi les fondamentaux de l’imaginaire de la femme puissante et libre, frontale ou abandonnée, sensuelle ou frivole pour les grands de ce monde. Des créateurs de mode s’inspireront de ces clichés inoubliables pour construire leur image à travers le monde.

Une femme photographe visionnaire et singulière. Une femme libre assurément.

Irina IONESCO

Les mondes d’Irina Ionesco se situent dans un espace sans limite en termes d’imaginaire. Les séries présentées toutes choisies par Irina Ionesco pour composer l’exposition rétrospective, en 2016, à la galerie Reflex d’Amsterdam, et le somptueux catalogue édité à cette occasion offrent ceci de remarquable : l’authenticité ! Authenticité et grande rareté des tirages tirés manuellement en laboratoire, signés et contretypés de commentaires de la main de l’artiste.
La pratique de la photographie avec le Nikon F offert par Corneille, fondateur du mouvement Cobra, lui ouvre un monde où le rêve et la réalité rencontrent la théâtralité. Ainsi, dans le clair-obscur de sa petite chambre, elle met en scène Fafa, Jacqueline, Isis, Natacha, Silvia,… muses issues des limbes du monde slave et baroque d’Irina. L’immortalité, le japonisme, l’orientalisme, le fétichisme, l’Eros et
le Thanatos, le monde de l’enfance, les jeux de poupées, les masques vénitiens,
les miroirs, les tentures, les accessoires disparates tels que le samovar, la menorah, une fleur funéraire en céramique, un tournesol en plastique, des dentelles de
Calais et de Caudry, des tentures dorées que l’on imagine en Jacquard, du papier psychédélique, une affiche de cinéma forment un décor éclectique.
Un terreau du vivant, témoin du miracle que vit Irina Ionesco en se réalisant en tant qu’artiste photographe.

Irina IONESCO

EROS & THANATHOS
par Valérie Dufour commissaire de l’exposition

Tokyo. 1999.
J’arpente les rues de Kabuki-cho, à la recherche d’un nid où poser mes valises chargées de paillettes, de cuir et de dentelles, et aussi d‘incertitudes.
Je pousse avec une certaine hésitation la porte du Cabaret. L’air y est chaud et dense. Dans l’entrée, je croise le regard ténébreux de cette femme dont j’ignore encore le prénom. À travers les volutes de fumée de la cigarette de celle que j’appellerai affectueusement “mama san”, son regard me fixe intensément, figée dans son cadre baroque. Fafa, j’apprendrai plus tard, me trouble déjà. Le noir profond des tissus veloutés qui l’enveloppe, m’absorbe, et évoque le mystère : ce que l’œil ne voit pas, l’esprit l’imagine.

Qui est donc l’auteur de cette image lugubre et sensuelle qui m’accueillera ainsi chaque soir ? Fafa fût ma première rencontre avec l’œuvre d’Irina Ionesco, dont les muses m’accompagneront tout au long de ce chapitre nippon de ma carrière. Fascinée par la dualité du désir et de l’effroi, de l’érotisme et du macabre, ses clichés seront ainsi une grande source d’inspiration. Les symboles utilisés dans la photographie d’Irina Ionesco viendront ponctuer peu à peu mes performances.

Fleurs, masques, crânes et drapés, bijoux gothiques et poupées,… ces symboles ne représentent pas uniquement la mort physique, mais aussi des thèmes liés à la transgression, à l’érotisme, à la fragilité de l’existence et le passage du temps. Les modèles semblent parfois « immortalisés », comme des figures au seuil de la vie et de l’au-delà. Dans la photographie d’Irina Ionesco, la mort est un symbole complexe, multidimensionnel, qui transcende le sens littéral de sa définition pour explorer des thèmes profonds liés à l’existence humaine, à la beauté et la temporalité. L’œuvre questionne souvent la sensualité, suggérant une tension entre l’Éros et le Thanatos. Cette juxtaposition explore le caractère fugace du désir et la fascination pour le macabre, une manière de sublimer la peur de la mort par l’art et la beauté.

La mort n’est-elle pas aussi un symbole de transition ? Un passage d’un état à un autre, un passage d’une vie à une autre ? En liant la thématique de la mort à des éléments sensuels et du monde du théâtre, Irina Ionesco semble explorer les cycles de destruction et de renaissance. A l’instant de ces cycles, Irina crée et se réinvente au gré de ses mises en scènes. Vie et mort, beauté et déclin, désir et peur, sacré et profane, tels sont les sujets au cœur de son esthétique.

Son œuvre est marquée par une tension constante entre ces forces fondamentales de l’existence. Elle les traduit en images à la fois provocantes, sensuelles et profondément introspectives. Une œuvre intemporelle.

Irina IONESCO

ANGE ET DÉMON
par Irina Ionesco
Extrait de la préface du catalogue de l’exposition « Portrait d’apparat », du peintre Gérard Beringer, galerie Berggruen Paris. 1987.

« Je le connais depuis toujours, dans sa perpétuelle mouvance (…) EN VÉRITÉ C’EST UN PHÉNIX Traversée du Miroir, Miroir Sorcière, Sublimation du Rituel. Surgit l’opposition de l’Autre et d’un autre regard. LE MIROIR DE NARCISSE SE VOILE DE REGRETS (…) Qui sont-elles, ces Papesses-Rituelles, porteuses de germe, sublimes et endolories, dans le trafic de leur religion, dans la transcendance de leur sexe, prêtresses en mal d’AMOUR, pétries, chamarrées, Vibrantes ! (…) D’où vient-elle cette mystérieuse poésie du rêve des forains, ces êtres qui semblent éclairés à cru, par la fluorescence des manèges ? Une danseuse fil-de-fériste, assise en équilibre sur ses jambes. (…) des madones païennes tatouées d’ambivalence, hautaines et splendides, dans la décomposition naissante de leur chair. (…)

la PREUVE indécente d’extase repose sur le suaire d’une métamorphose.
Le râle d’une gisante, son corps molesté retrouvent le fantôme d’une belle défunte peinte quelques mois auparavant. Le Temps chemine, et dépose des pétales pelures. (…) Une femme errante transporte l’ENCYCLOPÉDIE. (…) Irina IONESCO Et toutes les dompteuses à venir.

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